La fin des écobadges
Chaque produit a un coût pour l'environnement et les entreprises ne peuvent plus se permettre de ne pas le reconnaître. Parrallèlement, les consommateurs se mobilisent et choisissent des produits moins nocifs, posent des questions sur la durabilité et exigent de meilleures solutions.
C'est pourquoi de nombreuses entreprises ont créé leurs propres écolabels pour communiquer leur engagement en faveur du développement durable.
Bien que ces labels partent d'une bonne intention, ils peuvent en réalité faire plus de mal que de bien.
Et nous ne sommes pas les seuls à le penser : le Parlement européen a récemment voté l'interdiction des labels de durabilité qui ne sont pas basés sur un système de certification officiel ou qui ne sont pas établis par les autorités publiques.
Alors, quel est le problème avec les écolabels ?
La plupart de ces labels présentent trois GROS problèmes :
Pas de mesures quantifiables
Pas d'audit externe
Ils induisent les consommateurs en erreur
Sans paramètres quantifiables, il est impossible de mesurer la durabilité de quoi que ce soit.
En l'absence d'audit externe, il est impossible de se fier aux déclarations faites.
Et tromper les consommateurs avec un label de durabilité inventé sans preuve fiable à l'appui revient tout simplement à faire du greenwashing.
Quelles alternatives aux écolabels ?
C'est bien de vouloir montrer à ses clients que l'on se soucie du développement durable. Mais si vous êtes sérieux, vous devez vous rendre à l'évidence : il n'y a pas de raccourci pour bien communiquer sur le développement durable.
En bref, vous avez deux possibilités :
Obtenir des certifications ou des accréditations officielles (de préférence), et/ou
Élaborer votre plan pour devenir durable et le partager publiquement.
Les normes et les attentes sont plus élevées pour les grandes marques. Nous irions même jusqu'à dire qu'une preuve vérifiable par une tierce partie est indispensable à la communication sur le développement durable des grandes entreprises.
Les marques plus petites ont beaucoup moins de ressources à investir, et la communication sur le développement durable est donc une question de priorité. Nous savons par expérience à quel point cela peut être délicat.
Lorsque nous avons commencé à rédiger nos propres objectifs d'impact en 2020, nous avons constaté que les certifications en matière de développement durable pouvaient facilement constituer un emploi à plein temps. Avec une équipe composée de seulement cinq personnes, nous ne pouvions pas nous permettre d'avoir une personne dédiée aux certifications, car nous devions donner la priorité au lancement de l'entreprise : mettre en place la production, trouver des clients et résoudre les problèmes qui se posent généralement dans une entreprise en phase de démarrage.
C'est pourquoi, dans un premier temps, nous avons partagé tout ce que nous pouvions sur notre chaîne d'approvisionnement sur notre page consacrée à la Durabilité et nous avons rendu publics nos plans de développement durable au moyen d'un tableau de tracking facile à suivre. Ce tableau indique ce sur quoi nous travaillons, les progrès accomplis et la date à laquelle nous prévoyons d'atteindre nos prochains objectifs.
La page Durabilité et le tableau de tracking sont toujours des éléments clés de notre communication sur le développement durable. Cependant, au fur et à mesure que Woola grandissait, nous disposions de plus de ressources et nous avons commencé à travailler sur des certificats venant de l'extérieur à la fin de l'année 2022.
Comme nous avons investi beaucoup de temps et de ressources dans notre communication sur le développement durable, nous nous sommes mis d'accord en interne sur quelques règles essentielles pour bien faire.
Ainsi, selon notre cahier des charges, une bonne communication sur le développement durable :
est factuelle et fondée sur des données,
tient compte de l'impact sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement,
couvre trois domaines primordiaux : les personnes, la planète et les animaux,
comprend des rapports cohérents, et
est étayée par des preuves émanant de tiers.
En savoir plus : Comment créer une page sur le développement durable pour votre entreprise (avec des exemples)
Comment choisir des certifications de durabilité ?
Si vous disposez des ressources nécessaires pour obtenir des preuves fiables de votre durabilité, vous vous rendrez rapidement compte qu'il existe une multitude de certifications, de critères de référence, de cadres et d'accréditations. Et qu'aucun d'entre eux n'est parfait.
D'une manière générale, nous pouvons classer toutes les certifications en deux catégories : les certifications générales d'entreprises durables et les certifications spécifiques à un domaine.
Les certifications d'entreprises durables les plus populaires sont B Corp, ISO, LEED et Green Business Bureau. Les certifications spécifiques à votre activité dépendront de ce que vous faites : pour les fabricants de papier, Forest Stewardship Council (FSC) est l'une des meilleures ; pour la compostabilité des matériaux, c'est TÜV Austria OK Compost Home ; pour les fabricants de textile, les plus connues sont OEKO-TEX, Fair Wear, etc.
Voici une check-list que vous pouvez utiliser pour vous aider à choisir les certifications de durabilité pour votre entreprise. Recherchez des certifications qui :
mesure les aspects de votre activité qui ont le plus d'impact sur l'environnement
sont reconnaissables et pertinentes pour votre public
sont gérées par une organisation tierce qui n'a pas de conflits d'intérêts financiers (par exemple, une association à but non lucratif ou une agence gouvernementale)
dispose de normes et de lignes directrices élaborées par des experts et soutenues par la science
dispose d'un processus de certification clair et transparent
impose des audits par des tiers ou une enquête externe approfondie
fourni un soutien aux entreprises certifiées, y compris des conseils d'experts pendant et après le processus de certification
P.S. Cette liste de contrôle a été fortement inspirée par les suggestions de les suggestions de Karen Yarussi-King sur la manière de choisir les certifications à obtenir.
Les insuffisances des certifications de durabilité
Quelle que soit la certification de durabilité que vous choisissez d'adopter, vous trouverez des citiques à son encontre, souvent pour de très bonnes raisons. En réalité, nous n'avons trouvé aucune certification qui soit parfaite.
Prenons l'exemple de la certification B Corp. Les entreprises certifiées B Corp doivent respecter des normes strictes dans des domaines tels que la durabilité environnementale, les avantages sociaux, la gouvernance et les procédures de chaîne d'approvisionnement. Cette certification est largement reconnue comme la plus fiable en matière de développement durable.
Et les critiques à l'encontre des sociétés B ne manquent pas. Une recherche rapide sur Google permet de trouver un certain nombre de critiques, souvent contradictoires, mais qui se résument généralement à trois choses. Certains disent que le concept est trop général, qu'il ne va pas assez loin, et d'autres qu'il contribue au greenwashing.
Malgré les critiques, nous avons récemment choisi de nous engager sur la voie longue et laborieuse de la certification B Corp.. Car nous avons fait nos recherches et que nous avons constaté qu'il s'agit du certificat d'impact le plus complet et le plus fiable, actuellement disponible, pour mesurer l'impact positif des entreprises.
La partie "actuellement disponible" est essentielle ici. Dans un monde idéal, nous aurions une réglementation normalisée de ce qui constitue une "entreprise durable", de sorte que tout le monde pourrait travailler dans ce sens. Mais ce n'est pas encore le cas et nous ne pensons pas que cela se produira de sitôt.
Au lieu d'attendre des ensembles de règles parfaits, il est plus productif de travailler avec les ensembles de règles les plus fiables qui existent, car cela vaut mieux que de faire des déclarations de durabilité sans vérification de la part de tiers.